mercredi 4 février 2015


Le diable amoureux / Jacques Cazotte. - Slatkine, 1995. - 132 p. - (Fleuron ; 32)

L'histoire...
Un jeune noble espagnol, capitaine aux gardes du roi de Naples, dom Alvare Maravillas, décide pour impressionner deux amis napolitains de convoquer le diable. Celui-ci lui apparaît d'abord sous les traits d'un chameau, puis d'un épagneul et enfin sous les traits gracieux de Biondetta, qui lui offre ses services. Il est dès lors impossible pour lui de congédier Biondetta. Il doit quitter Naples pour Venise, où Biondetta subvient à ses besoins matériels, prétend être tombée amoureuse de lui et, face au jeune homme qui la rejette, fait mine de vouloir se tenir à l’écart, discrète. Alvare s'efforce de résister aux tentatives de séduction de Biondetta.  Il sort, fréquente la noblesse vénitienne, joue et a une liaison avec une courtisane, Olympia. Celle-ci, passionnée, ne tarde pas à découvrir la présence de Biondetta au sein de la maison de dom Alvare et la jalouse : elle menace de la tuer si elle ne part pas. Alvare excédée par la possessive Olympia, décide de quitter Venise pour partir séjourner sur la Brenta. Alors qu’il tente une fuite discrète, Biondetta se joint à lui et est victime d’une tentative d’assassinat commanditée par Olympia. Alvare craint de la perdre et laisse éclater son amour pour elle. Convaincu qu’il s’agit d’une sylphide, qui a renoncé à son état et adopté un corps de femme par amour pour lui, Il décide de présenter Biondetta à sa mère pour pouvoir l'épouser. En chemin, ils s'arrêtent pour participer à une noce et comme on les a pris pour mari et femme, ils se retrouvent dans la même chambre. Au moment ultime, Biondetta jette le masque pour rappeler qu'elle est Belzébuth…

Le Diable amoureux a été écrit en 1772 par Jacques Cazotte. Roman d'apprentissage, teinté d’influences ésotériques, ce texte est considéré comme précurseur de la littérature fantastique du XIXe siècle.Il s’agit du premier grand récit fantastique français. Il aura une influence directe sur Charles Nodier et ses successeurs français.
Il a inspiré plusieurs ballets : Le Diable amoureux de Joseph Mazilier en 1840, repris par Marius Petipa en 1848 sous le titre Satanella ; Satanella oder Metamorphosen de Filippo Taglioni en 1852, ou un ballet féérie de Roland Petit plus récemment.
En psychanalyse, Le Diable amoureux est à l'origine du graphe du désir établi par Jacques Lacan.

L’auteur
Jacques Cazotte (1719-1792), né à Dijon, est employé dans l’administration de la marine, nommé contrôleur des îles du vent à la Martinique, avant de se retirer près d’Epernay pour se consacrer à l’écriture. 
En 1763, il publie L'Aventure du pèlerin, un court apologue dénonçant l'hypocrisie de la cour. En rédigeant Voltairiade en 1783, il critique la philosophie des Lumières. Il publie encore la Guerre de l'opéra ; Olivier, poème en douze chants ; ou le Lord impromptu.
À la fin de sa vie, il entre dans l'ordre des Martinistes –courant de pensée ésotérique rattaché à la mystique judéo-chrétienne- et se fait remarquer par sa piété exaltée. Il prend parti contre la Révolution française, qu'il voit comme une gigantesque incarnation de Satan, et est arrêté après le 10 août 1792. Lors des journées de septembre, il échappe à la mort grâce à sa fille qui le couvre de son corps. Il sort de prison, mais, repris, périt sur l'échafaud le 25 septembre 1792 à Paris, Place du Carrousel. Ses derniers mots sont : "je meurs comme j'ai vécu, fidèle à mon Dieu et à mon Roi".

Lu en octobre 2012

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