Le diable amoureux / Jacques Cazotte. - Slatkine, 1995. - 132 p. - (Fleuron ; 32)
L'histoire...
Un jeune noble espagnol, capitaine aux
gardes du roi de Naples, dom Alvare Maravillas, décide pour impressionner deux
amis napolitains de convoquer le diable. Celui-ci lui apparaît d'abord sous les
traits d'un chameau, puis d'un épagneul et enfin sous les traits gracieux de Biondetta,
qui lui offre ses services. Il est dès lors impossible pour lui de congédier
Biondetta. Il doit quitter Naples pour Venise, où Biondetta subvient à ses
besoins matériels, prétend être tombée amoureuse de lui et, face au jeune homme
qui la rejette, fait mine de vouloir se tenir à l’écart, discrète. Alvare
s'efforce de résister aux tentatives de séduction de Biondetta. Il sort,
fréquente la noblesse vénitienne, joue et a une liaison avec une courtisane,
Olympia. Celle-ci, passionnée, ne tarde pas à découvrir la présence de Biondetta
au sein de la maison de dom Alvare et la jalouse : elle menace de la tuer
si elle ne part pas. Alvare excédée par la possessive Olympia, décide de
quitter Venise pour partir séjourner sur la Brenta. Alors qu’il tente une fuite
discrète, Biondetta se joint à lui et est victime d’une tentative d’assassinat
commanditée par Olympia. Alvare craint de la perdre et laisse éclater son amour
pour elle. Convaincu qu’il s’agit d’une sylphide, qui a renoncé à son état et
adopté un corps de femme par amour pour lui, Il décide de présenter Biondetta à
sa mère pour pouvoir l'épouser. En chemin, ils s'arrêtent pour participer à une
noce et comme on les a pris pour mari et femme, ils se retrouvent dans la même
chambre. Au moment ultime, Biondetta jette le masque pour rappeler qu'elle est
Belzébuth…
Le Diable amoureux a été écrit en 1772 par Jacques
Cazotte. Roman d'apprentissage, teinté d’influences ésotériques, ce texte est
considéré comme précurseur de la littérature fantastique du XIXe siècle.Il
s’agit du premier grand récit fantastique français. Il aura une influence
directe sur Charles Nodier et ses successeurs français.
Il a inspiré plusieurs ballets : Le Diable amoureux de Joseph
Mazilier en 1840, repris par Marius Petipa en 1848 sous le titre Satanella ;
Satanella oder Metamorphosen de Filippo Taglioni en 1852, ou un ballet
féérie de Roland Petit plus récemment.
En psychanalyse, Le Diable amoureux est à l'origine du graphe du désir
établi par Jacques Lacan.
L’auteur
Jacques Cazotte (1719-1792), né à Dijon, est employé dans
l’administration de la marine, nommé contrôleur des îles du vent à la
Martinique, avant de se retirer près d’Epernay pour se consacrer à
l’écriture.
En 1763, il publie L'Aventure du
pèlerin, un court apologue dénonçant l'hypocrisie de la cour. En rédigeant Voltairiade
en 1783, il critique la philosophie des Lumières. Il publie encore la Guerre
de l'opéra ; Olivier, poème en douze chants ; ou le
Lord impromptu.
À la fin de sa vie, il entre dans l'ordre des Martinistes –courant de
pensée ésotérique rattaché à la mystique judéo-chrétienne- et se fait remarquer
par sa piété exaltée. Il prend parti contre la Révolution française, qu'il voit
comme une gigantesque incarnation de Satan, et est arrêté après le 10 août
1792. Lors des journées de septembre, il échappe à la mort grâce à sa fille qui
le couvre de son corps. Il sort de prison, mais, repris, périt sur l'échafaud
le 25 septembre 1792 à Paris, Place du Carrousel. Ses derniers mots sont :
"je meurs comme j'ai vécu, fidèle à mon Dieu et à mon Roi".
Lu en octobre 2012
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