mercredi 4 février 2015


Le Vampire / John William Polidori ; d'après Lord Byron.- Actes sud, 1996. - (Babel)

Au cours de l'été 1816, sont réunis à la Villa Diodati, sur les bords du lac Léman, Lord Byron, le poète déjà célèbre Percy Shelley, sa compagne Mary, âgée seulement de 19 ans, la maîtresse de Byron qui est aussi la belle-soeur de Mary, Claire Clairmont, et son secrétaire, John William Polidori. Le temps maussade rend l'atmosphère à la villa... fantastique. Les cinq convives se lancent un défi : écrire dans la journée une histoire de fantôme. Or, contre toute attente, ce ne sont pas les maîtres reconnus dans l'art d'écrire qui produisent les textes demandés :
Percy Shelley n'écrit rien, de fantastique en tout cas, contrairement à Mary qui revient de ce séjour avec son Frankenstein ou le Prométhée moderne, son chef-d'oeuvre.
Byron produit quelques pages, le début d'une nouvelle, Le Vampire, qu'il abandonne. C'est son secrétaire, Polidori, qui conserve son texte et le termine. C'est le seul texte qu'on lui connait.  
Dans le but d’attirer l’attention des lecteurs et d’utiliser la notoriété du poète, Le Vampire paraît tout d’abord sous le nom de Lord Byron. Le poète se défend avec hargne de l’avoir écrit. Le succès de cette nouvelle est immédiat en Angleterre où elle parait en 1817, puis en France lorsque la première traduction est éditée en 1819.

L'histoire...
Le Vampire relate l'histoire oh ! combien dramatique d’Aubrey, un riche orphelin anglais après avoir fait la connaissance, au sein de la haute société londonienne de l’énigmatique Lord Ruthven, un homme à la beauté froide : 
« Malgré la pâleur mortelle de son visage que ne coloraient jamais ni l’aimable incarnat de la pudeur, ni la rougeur d’une vive émotion, la beauté de ses traits fit naître à plusieurs femmes coquettes le dessein de la captiver ou d’obtenir de lui au moins quelques marques de ce qu’on appelle affection. »
Voyageant avec lui à Rome, il désapprouve son comportement de séducteur.
Voulant s’en détacher, il se rend en Grèce où il se prend d’affection pour la jeune Ianthe, qui lui raconte des histoires de vampires. Au cours d'une nuit d’orage, il surprend un homme attaquant une femme dans une chaumière. Après la fuite de l’homme, il découvre horrifié que la jeune morte n’est autre que Ianthe. Fou de chagrin, Aubrey tombe malade. C’est Lord Ruthven qui vient le soigner. Plus tard, au cours d'une expédition archéologique, Lord Ruthven est blessé par des brigands. Avant de mourir de ses blessures, il fait promettre à Aubrey qu’il « ne fera connaître à aucun être vivant [ses] crimes et [sa] mort. » Aubrey jure sans comprendre. Il réalise, en fouillant dans les affaires de Lord Ruthven, que c’est lui qui a tué Ianthe, et qu'il est probablement un vampire.
Revenu à Londres, il rejoint sa jeune sœur qui doit faire son entrée dans le monde. Au cours d’une soirée à la cour, il croise, abasourdi, Lord Ruthven. Tenu par sa promesse, il ne peut révéler ce qu'il sait de lui. Durant des mois, Aubrey sombre peu à peu dans la folie jusqu’au jour où il apprend que sa sœur va épouser Lord Ruthven…

Inspirations - influence
S'il ne l'a pas écrite, lord Byron est tout-de-même très présent dans cette nouvelle. Pour son personnage de Lord Ruthven, Polidori s'inspire et du héros Byronien -personnage désabusé, à la fois malheureux et sulfureux, en rébellion et rejeté par la société de son temps-, dans une version maléfique, et de Lord Byron tel qu’il le percevait. Il ajoute à cela les superstitions Orientales (Balkaniques et Grecques) sur les vampires, créatures maléfiques buvant le sang de ceux qu'ils aiment et immortels, que seul un pieu dans le cœur peut faire mourir. Par ailleurs, Lord Byron avait abordé le sujet dans son poème Le Giaour publié en 1813.

La nouvelle connait immédiatement un grand succès. Elle inspire Charles Nodier et est adaptée tout au long du XIXe siècle, que ce soit au théâtre ou à l’opéra. Au XIXe siècle, la figure de Lord Ruthven domine l'imaginaire lorsqu'il est question de vampire. Il faut attendre qu'apparaissent le Dracula de Bram Stoker, puis Lestat dans les ouvrages d'Anne Rice pour que la figure vampirique se renouvelle...

Mais, dans la littérature du XIXe siècle, le vampire n’est pas toujours froid et masculin…

Lu en septembre 2012

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