mercredi 4 février 2015


Meurtre chez les Magdaléniens par MarvaudMeurtre chez les Magdaléniens / Sophie Marvaud. – Editions du Patrimoine : Nouveau Monde éditions, 2014

L’auteur
Sophie Marvaud est historienne et romancière. Elle écrit tant pour la jeunesse que pour les adultes, des romans historiques dont l’action se déroule à des époques variées. Le dernier roman qu’elle a fait paraître pour les adultes porte sur une période très reculée…

La collection « Crimes et monuments »
Nouveau Monde éditions et les éditions du Patrimoine ont tout récemment créé la collection « Crimes et monuments »… collection de polars historiques dans un décor de cathédrales, de châteaux ou de sites archéologiques, comme son nom l’indique !
Cette collection ne comporte à ce jour que deux titres. L’auteur Daniel Vasseur y a fait paraître La Mort sur un cheval pâle, emmenant le lecteur dans l’île de la Cité sous le second Empire, à l’ombre de la Sainte-chapelle. L’autre volume de la collection est celui de Sophie Marvaud…

L’histoire
Nous faisons la connaissance de chasseurs-cueilleurs nomades vivant il y a de cela 15 000 ans, dans les Eyzies, dans le Périgord… et plus particulièrement du clan des Grandes-mains-blanches. Une chamane, Puissance-de-Licorne, veille sur ce clan qui est composé de cinq groupes familiaux :
-       celui des Vole-en-Tête,
-       celui des Détours-Réussis,
-       celui des Deux-Doigts-Pliés,
-       celui des Infini-Percé,
-       et un groupe plus restreint, la famille des Quatre-Encoches, que dirige un certain Vitesse-de-Bison.
Les cinq familles cohabitent à l’époque des grandes chasses, mais voyagent séparément à certaines périodes de l’année. C’est ainsi qu’au début du roman, les Quatre-Encoches atteignent la destination qu’ils s’étaient fixés : l’océan du bout du monde – l’Atlantique-. Ils ont accompli ce périple d’en l’espoir de rapporter des coquillages, biens précieux qui constitueront une dot appréciable pour la fille aînée de Vitesse-de-Bison, Grâce-de-Biche, qui a 16 ans est en âge de se marier.
Les Quatre-Encoches sont accompagnés dans leur voyage par la chamane, Puissance-de-Licorne. Celle-ci n’est plus toute jeune et doit penser à sa succession. Or, la deuxième fille de Vitesse-de-Bison, Iranie, est d’évidence la mieux placée du clan pour devenir son apprentie.
Elle annonce donc à la famille Quatre-Encoches son souhait de former Iranie. Malheureusement, au petit matin suivant, la jeune fille est retrouvée sur la plage… assassinée…
Il revient à Puissance-de-Licorne, la chamane, fine observatrice, de mener l’enquête… au péril de sa propre vie…

L’avis de Bertille !
Au-delà de l’intrigue policière, du suspense, l’intérêt du roman réside bien sûr dans la « reconstitution préhistorique », dans la description du mode de vie du clan : les grandes chasses, les rites qui rythment les saisons, l’organisation sociale sont décrits. Pour ce faire, la romancière s’est bien documentées, a pris les conseils de nombreux spécialistes de la période et s’est aussi inspirée d’autres peuples de chasseurs-cueilleurs nomades mieux connus : les Amérindiens.
Certes, les Magdaléniens n’ont pas laissé d’écrits révélant leur façon de penser. Sophie Marvaud évolue donc à une époque qu’elle ne pouvait appréhender aussi facilement que des périodes plus récentes de l’histoire de l’humanité. Elle a du faire preuve d’imagination, mais il semble qu’en tout cas, les scientifiques consultés n’aient pas relevé d’invraisemblance dans son récit.

Au-delà de l’intrigue policière, elle s’est intéressée aux rapports sociaux, et en particulier aux rapports entre les hommes et les femmes.
Le clan, en effet, se trouve en danger non seulement du fait de la présence d’un assassin en son sein, mais aussi parce que l’équilibre entre les hommes et les femmes se trouve menacé. Des idées venant de l’extérieur perturbe son fonctionnement… idées misogynes, selon lesquelles un chamane serait peut-être préférable à une chamane… idées selon lesquelles les femmes ne doivent pas prendre part à la chasse, car si elles sont aptes à manier la sagaie comme les hommes, pourquoi n’en viendraient-elles pas à exiger que les hommes participent aux tâches ménagères  qui leur sont traditionnellement dévolues ?!... La discorde s’installe au coeur de certains couples, et plus globalement entre les deux sexes, menaçant le fonctionnement harmonieux du clan… à charge de Puissance-de-Licorne de le conserver !
La thématique n’est pas propre à la Préhistoire !

Autre précision intéressante donnée dans la postface : les guerres n’existaient pas à cette époque. Elles ne sont apparues qu’à partir de la sédentarisation du néolithique (vers 6000 avant J.-C. ).

Ah ! On est bien en compagnie des Magdaléniens de Sophie Marvaud –certains tout du moins !-. On n’a pas envie de les quitter et de terminer la lecture du roman !... Coup de cœur !

Lu en janvier 2015

Le Koala tueur et autres histoires du bush / Kenneth Cook. – Ed. Autrement, 2009


Couverture : Le koala tueur et autres histoires du BushL’auteur
Kenneth Cook (1927-1987) est un journaliste, réalisateur, scénariste et écrivain australien.


Le Koala tueur réunit quinze courts récits publiés à l’origine séparément dans des journaux ou des magazines. Chacun d’entre eux relate une rencontre du narrateur avec la faune « humaine et animale » australienne.
Bien sûr, on y croise de nombreux serpents (taïpans, king Brown…), des crocodiles, mais comme nous l’apprend Kenneth Cook…
« L’un des mythes répandus sur l’Australie, c’est qu’elle n’abrite aucune créature dangereuse, hormis les crocodiles, les serpents et les araignées. C’est faux » dit-il. Le danger peut en effet aussi provenir d’un chameau, surtout s’il est le complice d’un aborigène, de Cédric le chat -spécimen particulièrement féroce !-, d’un cochon sauvage, d’Annie l’éléphante ballonnée, ou d’un chien stupide du nom de George. Les humains, montreurs de serpents, passionnés de crocodiles ou prospecteurs d’or ne sont pas en reste… Ils entrainent, sans sembler en avoir conscience, le narrateur dans des situations périlleuses, frôlant parfois la mort… situations toujours décrites avec beaucoup d’humour !

Des exemples !...
On peut dire que le narrateur ne porte pas dans son cœur l’animal éponyme du recueil…
p. 43 : « Je n’aime pas les koalas. Ces sales bêtes, aussi hargneuses que stupides, n’ont pas un poil de gentillesse. Leur comportement social est effroyable –les mâles n’arrêtent pas de se tabasser ou de voler les femelles de leurs semblables. Ils ont des mécanismes de défense répugnants. Leur fourrure est infestée de vermine. Ils ronflent. Leur ressemblance avec les nounours est une vile supercherie. Il n’y a rien de bon chez eux. » On comprend, dans la nouvelle qui suit, l’origine de cette animosité !...

L’histoire du chien George est drôle aussi… Alors que le narrateur se rend dans un bar – imaginez le saloon peuplé de sept costauds… -, son chien George fait irruption avec un serpent extrêmement venimeux dans la gueule… proie qu’il tient absolument à offrir à son maître… La situation paraît désespéré : les sept clients du débit de boisson effrayés sont grimpés sur le comptoir, cherchant à se tenir éloignés du chien… lequel s’entête à vouloir faire cadeau de sa proie bien vivante et agressive. Le tenancier, muni d’un fusil, dont il ne semble pas maîtriser pleinement le fonctionnement, tire à tout va… Mais là, une vielle dame entre. Toute menue, à la voix aigue, pas plus haute que le comptoir, elle va débloquer la situation en deux temps trois mouvements et sans perdre son sang froid !...

A lire sans modération ! Détente et dépaysement assurés !

Lu en janvier 2015

Les Fées miroir / Camille Arman. - Mon petit éditeur, 2014

Un avion qui décolle vers le hasard, un meuble de caractère, un cheval fourbu, un assassin maître-chanteur, une évasion réussie, voici quelques facettes des "Fées Miroirs", pièces de puzzle d'une même histoire, celle de la vie sous ses multiples formes. La vie telle qu'elle nous parle dans ces moments de bascule délicats qu'on nomme hasards ou tracas. La vie, celle qui nous hèle, au-delà du conforme et du chloroforme des jours las. La vie, celle que nous sentons encore vibrer en nous dans ce lieu lumineux, là, juste au creux...

Avis de Bertille : Des textes qui décortiquent les travers humains, d’une manière inattendue, avec un regard qui peut surprendre, critique et décalé, et toujours dans un style poétique, avec un jeu, une recherche sur les mots…
L’auteur tient un blog : http://camreve.wordpress.com.

Lu en octobre 2014

Le poids des secrets / Aki Shimazaki. - Actes Sud, 2010

Cette pentalogie explore la psyché nipponne contemporaine dans ses tabous et ses mensonges, au coeur desquels les personnages se débattent pour retrouver liberté et dignité.

Avis de Bertille : Coup de cœur !... des personnages attachants livrent leur vision d’évènements qui les ont réunis. Traite, avec poésie, de l’importance de l’identité et des origines dans la société japonaise… et des jeunes femmes séduites par des hommes plus âgés !
Autre intérêt de cette série : Les personnages sont confrontés à des évènements marquants de l’histoire japonaise et apportent leur vécu sur ceux-ci : le tremblement de terre qui a fait plus de 140 000 victimes en 1923, suivi du massacre des immigrés coréens, le bombardement de Nagasaki le 9 août 1945.

Lus en octobre 2014

Un ciel rouge, le matin / Paul Lynch. - Albin Michel, 2014

En 1832, en Irlande, Coll Coyle et sa famille vont être expulsés de leur ferme par le propriétaire anglais des terres. Au cours d'une dispute, Coll tue le fils de ce dernier et s'enfuit. Il réussit à embarquer pour l'Amérique, mais il est poursuivi par Faller, un homme de main du père de la victime.

Avis de Bertille : où l’on suit le destin tragique d’un fermier irlandais, de l’Irlande aux chantiers de construction du chemin de fer aux Etats-Unis… Roman sombre, mais terriblement bien écrit, sur la dureté des conditions de vie des Irlandais sur leur île comme dans leur exil américain.


Lu en octobre 2014

Sigmaringen / Pierre Assouline. - Gallimard, 2014

Julius Stein, majordome des Hohenzollern, est chargé de garder le château de Sigmaringen et d'organiser la vie de ses nouveaux occupants. Réquisitionné en 1944 pour servir de refuge à Pétain et aux membres du gouvernement de Vichy, le lieu est le théâtre des querelles entre collaborateurs et miliciens. On y croise deux civils, dont un certain L.-F. Céline. Prix du Salon du livre de Genève 2014.

Avis de Bertille : Rappelle beaucoup Les Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro, la description des membres du gouvernement de Vichy en exil en Allemagne est sans concession, roman bien documenté sur un sujet assez peu traité…


A lire aussi sur le sujet :


Un château en Allemagne : Sigmaringen 1944-1945 / Henry Rousso. - Pluriel, 2012
Récit de la fuite des Français en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pétain et quelques-uns de ses fidèles, Pierre Laval et plusieurs de ses ministres, Céline, Rebatet et de nombreux journalistes et écrivains compromis par 4 années de collaboration se réfugient près de Sigmaringen pour éviter l'épuration et maintenir vivante une certaine idée de la France.

A noter aussi, une réédition…

Sigmaringen : une France en Allemagne (septembre 1944-avril 1945) / Jean-Paul Cointet. - Perrin, 2014
Montre la fin du régime de Vichy alors que Pétain, Laval, Déat, Darnand, Brinon et Doriot sont réfugiés au château de Sigmaringen, sur les rives du haut Danube, emmenés par les Allemands dans leur repli. Ils vont cohabiter en 1944 pendant sept mois et vivre conflits, disputes, rivalités, peur du châtiment, désespoir, désirs de fuite, affolements, alors que l'Allemagne s'effondre.

Lu en octobre 2014

A la découverte du Prix littéraire France-Québec...

Quelques éléments sur ce prix littéraire…
Depuis 1998, le Prix littéraire France-Québec récompense chaque année un romancier contemporain québécois.
La dotation du prix s’élève à 5000 euros. Une tournée littéraire organisée avec l’appui de l’Association internationale des études québécoises (AIEQ) permet d’en prolonger l’esprit. Elle favorise les rencontres entre les auteurs et auteures québécois et les lecteurs français.

Critères et processus de sélection
Seuls sont retenus les romans et les nouvelles, publiés au Québec par un éditeur québécois l’année civile précédente. Les ouvrages doivent avoir été écrits directement en langue française.

Chaque année, le calendrier est le suivant :
Janvier : Présélection : sous la direction de la vice-présidente Culture de l’Association France-Québec et en collaboration avec différents partenaires français et québécois (librairies, éditeurs, critiques littéraires, anciens lauréats), une présélection de sept ouvrages est déterminée.
Mars : Sélection : nomination, par un jury de professionnels de l’édition et de membres de l’association, en collaboration avec les comités de lecture de l’association, des trois romans finalistes parmi cette liste.
Octobre : Vote des lecteurs : les lecteurs ont tout l’été pour lire les trois romans finalistes. Ils désignent le lauréat au mois d’octobre.
Fin octobre : proclamation du nom du gagnant du Prix littéraire France-Québec.


La sélection 2014

Les trois finalistes du Prix littéraire France-Québec 2014 étaient…

Jeanne chez les autres / Marie Larocque. - Tête Première, 2013

Jeanne chez les Autres, c’est une série de tableaux qui dresse avec affection et sans concession le portrait d’une famille parfaitement dysfonctionnelle. Mais souvent attachante. Et drôle…

Le mur mitoyen / Catherine Leroux. - Alto, 2013
Madeleine parle toute seule, même quand elle a de la compagnie. Lorsque son fils revient avec une demande qui bouleverse sa vie, elle comprend à qui elle s'adresse quand elle ne parle à personne. En se serrant la main pour la première fois, Ariel et Marie s'évanouissent. Des années plus tard, ils sont mariés, Ariel est à la tête d'un pays en déroute et ils sont sur le point de défaillir de nouveau. Entre deux tremblements de terre, Simon et Carmen tentent de poser à leur mère la question la plus ancienne de leur existence. La réponse qu'elle leur livre malgré elle crée entre eux une fracture digne de la faille de San Andreas. Et quelque part dans le sud des États-Unis, deux petites filles déposent un sou sur le rail d'une voie ferrée. Entre ces personnages, Catherine Leroux dessine une cloison fine comme un brin d'impossible qui tantôt sépare, tantôt unit, estompant la frontière entre les secrets, la vérité et l'inouï. Une histoire où l'on frappe trois coups sur un mur pour entendre en retour un mystérieux toc toc toc.

Les sangs / Audrée Wilhelmy. - Leméac, 2013
De son aïeul grand veneur, Féléor Barthélémy Rü ne reçoit pas seulement une immense fortune ; il hérite également du désir de tuer et d'un goût pour la chair crue. Ces plaisirs, il les développe au contact des femmes qu'il croise et qui deviennent, pour certaines, ses épouses et victimes. Car ce n'est pas le daim ni le loup que chasse celui que, dans la Cité, on appelle bientôt l'Ogre, mais des femmes qui, pour étonnant que cela puisse paraître, vont à lui de leur plein gré.


Où se procurer ces titres ?

A la Librairie du Québec
30, rue Gay Lussac
75005 PARIS

Ou sur le site http://www.librairieduquebec.fr/

Lus en juin 2014